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Bien qu'ancien, le tracée de la N10 dans Paris n'a vraiment pris de l'importance que lors la création d'une grande liaison avec Versailles. Auparavant, ce n'était qu'un vague chemin longeant la Seine, évoluant au gré des fluctuations des rives du fleuve et des aménagements des quais imposés par la croissance urbaine de Paris. L'établissement des enceintes successives et des fossés amena parfois à la coupure de ce tracé.


Le quartier Saint-Germain-l'Auxerrois[]

Quartier du Châtelet v2

Quartier du châtelet en 1750, d'après Hoffbauer

La future N10 naît donc en bordure de Seine, au pied du Grand Châtelet et en se détachant de la N1. De l'espace aujourd'hui dégagé, on a peine à imaginer l'habitat resserré d'avant la Révolution où peu de lumière devait éclairer ce début de route. L'Espagne, but de notre route, semble bien lointaine. Historiquement, deux chemins peuvent être distingués :

Le passage par Saint-Germain-l'Auxerrois[]

Du temps où le Châtelet avait une vocation défensive (Entre 860 et 1190), ce chemin permettait de joindre les faubourgs naissants de Paris, en particulier celui autour de l'église de St Germain. L'actuel rue Saint-Germain-l'Auxerrois en est l'héritière, mais elle a été tellement remaniée et tronquée qu'il est difficile d'en reconnaître des origines antiques.

Le trajet commençait donc en avant du Grand Châtelet, en un croisement entièrement balayé depuis par le remaniement de la place du Châtelet et la création de l’Avenue Victoria en 1855. Le chemin lui-même a disparu dans sa première partie sous Le théâtre du Châtelet (1860). Nous retrouvons le tracé historique après le croisement avec la rue Edouard-Colonne, ancienneté confirmée par l'étroitesse et l'aspect des lieux (voir ICI). De nombreux immeubles sont classés aux monuments historiques avec des habitations des 17ème et 18ème siècle (voir ICI).

  • N° 6 : A la place de l'école se trouvait autrefois les greniers à sel de Paris. Ils furent en activités - du temps de la Gabelle - de 1698 à 1789 mais les bâtiments ne firent démolis qu'en 1909.
  • N° 19 : la prison de For-L'évêque. Longtemps prison ecclésiastique, il fallut un coup de force de Louis XIV pour qu'elle retourne au sein de la justice Royale. Elle démontre ainsi tout l'imbroglio juridique régnant en France, quand les pouvoirs temporels et spirituels s'opposaient sur des questions de primautés de justice. Le bâtiment fut désaffecté en 1780 et démoli peu après.

Le tracé se poursuit ensuite par la rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois. Un axe largement bouleversée par la modernisation urbaine, dont une partie a disparue, coupée par la voirie moderne, l'établissement du grand magasin de la Belle Jardinière (1867) et l’agrandissement de la Samaritaine en 1925. La rue longe enfin l'Église Saint-Germain-l'Auxerrois, dont l'existence est attestée au VIIe siècle. Sa partie la plus ancienne est la tour romane du XIIe siècle, autrefois surmontée d'une flèche qui fut abattue vers 1754. L'église fut en grande partie reconstruite au XVe siècle avec, en particulier, l'élévation du porche. Elle est associée au tragique épisode de la Saint-Barthélemy car son tocsin est réputé avoir sonné l'alarme dans la ville et déclenché le massacre des protestants. Elle devint ensuite l'église des artistes, en raison de la grande présence de ceux-ci dans le palais du Louvre voisin. A partir de la Révolution, plusieurs projets de destruction la menaceront, d'autant que l'habitat médiéval alentour avait été démolie en vue de donner une perspective au Louvre. Haussmann la sauvera au faisant construire la Mairie du 1er Arrondissement du même aspect.

Le tracé se dirigeait ensuite vers la Seine. Il a disparu depuis longtemps, sous l'emprise de l'Hôtel du Petit-Bourbon.

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Rue St-Germain-l'Auxerrois (1865), vue vers le Châtelet.

Expropriée de l’île de la Cité, l'enseigne La Belle Jardinière fit construire le bâtiment actuel (1867).

L'enseigne cessera son activité en 1972.

Analyse par le site Vergue : [1]

Vue actuelle : [2]

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Rue des prêtres-St-Germain-l'Auxerrois (1865), vue vers le Châtelet.

Les bâtiments au premier plan sont le presbytère (démoli en 1866) et la sacristie (démolie en 1905).

Analyse par le site Vergue : [3]

Vue actuelle : [4]

Passage par le Quai de la Mégisserie[]

Suite à la création des murailles parisiennes sous Philippe-Auguste (1190), un tracé longeant la Seine se mit en place et supplantera le précédent. Il était alors possible de passer par la sombre rue Trop-Va-Qui-Dure avant d’atteindre le Quai de la Mégisserie. Contrairement à d'autres endroits en bordure de Seine, cet espace fut très tôt - dès Charles V en 1369 - dégagé et aménagé pour faciliter les échanges commerciaux en bordure de Seine. Il porta d'ailleurs le nom de quai de la Saunerie car c'était le lieu de commerce et d'approvisionnement du grenier à sel voisin. Une denrée importante au temps de la gabelle. Ce n'est pourtant qu'en 1813 que le quai fut aménagé jusqu'au Pont au Change.

Les mégissiers - qui donneront le nom au quai - étaient présents, profitant de la grande boucherie toute proche. Ils furent chassés en 1673, pour s'installer dans le quartier saint-Marcel.

  • N° 2 : Le théâtre du Châtelet : construit entre 1860 et 1862 dans le cadre des grands travaux d'Haussmann.
  • N° 16 : L'arrière de la prison de For-L'évêque.
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Le quai de la Mégisserie en 1865, vu vers l'est.

Analyse par le site Vergue : [5]

Vue actuelle : [6]

A la jonction avec le Pont-Neuf, se situait la place-des-3-Maries. Ici, le lacis médiéval n'a pas résisté à l'établissement et aux agrandissements des grands magasins de la Samaritaine, qui ont fini par occuper des pâtés de maisons entiers.

Le quai du Louvre[]

Passé le croisement avec le Pont-Neuf, commence l'actuel Quai du Louvre, auparavant Quai de l’école. Ici, l’odonymie est trompeuse, car il n'est pas question d'école (scola) mais d’un point d’accostage (scala). L’aménagement des quais remontent en tout cas à François Ier (vers 1525)

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Le début du quai du Louvre (partie gauche) en 1885.

Vue actuelle : [7]

Au croisement avec la rue de l'Amiral de Coligny, commençait autrefois le quai Bourbon, en mémoire de l'Hôtel du Petit-Bourbon, bâti en bordure du dit quai. Grande résidence princière, faisant contrepoint à la puissance de la forteresse du Louvre toute proche, il fut confisqué par François Ier et démoli en parti. Subsista une grande salle, réputée comme la plus grande du Paris de l'époque. Elle servit par exemple à réunir les États-Généraux de 1614 et en temps normal, elle servait de salle de spectacles. La construction de la cour carrée du Louvre sous Louis XIV (1660) lui fut cependant fatal.

A l'ombre des palais[]

Le Louvre médiéval[]

Plan of medieval Louvre

Plan du Louvre ancien avec en surimpression le Louvre moderne.

Notre route arrive alors devant le palais du Louvre. S'il n'est pas utile de détailler le musée actuel, en revanche, il convient de signaler les bouleversements induits par le palais médiéval élevé par Philippe-Auguste. Totalement disparue en surface, la forteresse marquait à l'époque les limites ouest de paris, et était située en avant des murailles que le même roi avait fait ériger pour protéger Paris. A l'époque, le principal danger venait de Normandie avec le turbulant roi Richard. Ces remparts venaient buter contre la Seine par une gros tour : la tour du Coin, approximativement au niveau de l'actuel Pont des Arts. Rien n'indique si notre pouvait s'intercalait entre cette tour et la Seine et si une poterne était ouverte. De toute façon, il n'y avait aucun aménagement au bord du fleuve. L’élévation de la tour aurait été démoli en 1531, mais son étage inférieur aurait subsisté qu'en 1719.

Ces travaux étaient annonciateurs des travaux de modernisation initiés par François Ier (vers 1530), et qui se concluront par la Cour Carrée de Louis XIV (1674).

En raison de l’extension urbaine, une nouvelle enceinte (dite de Charles V) fut construite de 1356 à 1383 plus à l'ouest et englobant donc le château du Louvre dans Paris. Une nouvelle grosse tour : la tour du Bois marquait désormais les limites parisienne en bord de Seine, elle se situait à hauteur de l'actuel Pont du Carrousel. De là, un rempart fut également édifié pour constituer un retour de cette tour vers la tour du Coin le long du fleuve. la menace anglaise n'ayant jamais été aussi forte, il fallait limiter toute faiblesse dans les défenses parisiennes. De ce fait, coincé entre l'eau et les murailles, notre tracé n'avait aucune utilité et semble même coupé par les différrents fossés défensifs.

Porte neuve 1609

La Porte Neuve (plan Vassalieu - 1609) et la tour du Bois. Le gros oeuvre de la Grande Galerie du Louvre vers les Tuileries est réalisée.

La paix revenue, la fonction défensive du Louvre s'estompa au profit d’une résidence royale. Comme signalé ci-dessus, François Ier initiera de nombreux travaux. Ce sont d'abord les quais qui seront aménagés et prolongés vers les futures Tuileries à partir de 1530. Cela donnera de l'essor au Port du Louvre et redonnera une vie marchande au quartier. On perce alors la Porte-neuve (1537) en bas de la tour de Bois, permettant de renouer les échanges vers l'ouest parisien en soulageant le trafic passant par la l'axe Saint-Honoré. La porte a du disparaître en même temps que la tour du Bois, vers 1670.

Alors que la future N10 n'est encore qu'un simple chemin, l'environnement est marqué par le grand dessein d'Henri IV, qui voulait relier le Louvre aux Tuileries. Dès 1594 fut mis en chantier la Grande-Galerie pour plus de 15 ans de travaux. La décision d'en faire un musée intervient en 1793.

Le quai des Tuileries[]

L'urbanisation parisienne toujours progressant, une nouvelle enceinte bastionnée sera construite à partir de 1564, toujours plus vers l'ouest - la future enceinte Louis XIII. C'est dans l'intervalle avec les vieilles murailles Charles V que Catherine de Médicis initiera la construction du palais des Tuileries et ses jardins. Le chantier débuta en 1566 mais connu de nombreux arrêts. C'est le grand dessein d'Henri IV qui permit la reprise des travaux et la construction du pavillon de Flore (1610), unissant le palais avec la grande galerie. Les travaux de Napoléon III apportèrent une profonde modernisation des bâtiments. Mais le palais des Tuileries n'en avait plus pour longtemps à exister. Il fut incendié en mai 1871 par la Commune, et ses ruines furent rasées par la République triomphante en 1883.

Jardin et Palais des Tuileries 1585

Jardin des Tuileries en 1585

La future N10 ne profita pas de ces grands travaux et resta par contre longtemps à l'état de chemin. Ce n'est qu'à partir de 1731 que sera créée une voirie plus importante, et c'est Napoléon (1806) qui fera élever et paver le quai des Tuileries.

En surplomb de la route, furent établies les jardins des Tuileries. Initié par Catherine de Medicis dès 1565, Ils sont aménagés à l'Italienne, avant d'être repensés par le Notre en 1664. Celui-ci leur donnera une forme à la française encore présent de nos jours. Le Notre fera construire également des terrasses encadrant les jardins et les séparant de la circulation (voir ICI)

Le musée de l'Orangerie, au bout des jardins, fut bâti en 1852.

Les aménagements royaux[]

la place de la Concorde[]

Conférence 1672

Porte de la Conférence (Plan Gomboust - 1652)

Signe d'une certaine utilité à la route, elle eut le droit à sa porte pour franchir l'enceinte bastionnée : la porte de la Conférence. D'abord simple guérite avec un pont levant, elle fut embellie avant 1650 et démolie en 1730 pour faciliter la circulation.

En avant des jardins des Tuileries, se tenaient d'abord un bastion, puis un fond marécageux. La démolition de l'enceinte n'apporta rien de neuf et un parterre peu agréable marquait le début de la grande perspective - future Champs-Élysées. C'est la ville de Paris qui prit l'initiative d'ériger une statue équestre de Louis XV pour fêter le rétablissement du roi après sa maladie en 1748. Décision est prise dans la foulée d'aménager une esplanade autour. Les travaux commencent vers 1760, avec l’érection de la statue équestre en 1763 et la finition des travaux en 1772. Gabriel donne une forme octogonale à la place Louis XV encadrée de fossés secs. Le 30 mai 1770, elle est le théâtre du « grand étouffement » : lors d'un feu d'artifice tiré en l'honneur du mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette, 133 personnes périssent piétinées et étouffées lors d'une panique provoquée par un incendie.

La révolution apportera également sous lot de drames. La statue de Louis XV est envoyée à la fonte le 11 aout 1792 et la place est rebaptisée place de la Révolution. Une Statue de la Liberté - effigie de plâtre - y trônera de 1793 à 1800. C'est surtout la présence de la guillotine qui restera attachée à ces lieux. Nombre de têtes célèbres y tomberont, et on estime que sur les 2 498 personnes guillotinées à Paris, 1 119 le furent ici. Le nom de la place évoluera en fonction des régimes politiques, pour celui définitif de la Concorde en 1830. La place évoluera en suite :

  • 1836 : Érection de l'obélisque et mise en place de lampadaires et de colonnes rostrales.
  • 1840 : Les deux fontaines sont inaugurées, ainsi que les statues des villes.
  • 1854 : les fossés sont comblés pour mieux adapter la place à la circulation.

La future N10 passait elle, au sud de ce grand aménagement. Avec le temps, elle fut aménagée pour rejoindre le Cours-la-Reine.

Le Cours-la-Reine[]

Encore une fois, nous sommes en présence d'une création ex-nihilo. La future route passait à coté de cet aménagement, et se confond aujourd'hui avec les ornements boisés du cours. Le cours fut ouvert en 1618 par Marie de Médicis. C'était alors une longue promenade privée, cernée de fossés et fermée par des grilles. Il fut reboisé à partir de 1724 et les abords marécageux furent peu à peu aménagées pour créer les jardins des Champs-Élysées. Acquis par Paris en 1824, les alentours servirent régulièrement de lieux d'expositions. Certains bâtiments sont restés dans les mémoires, comme le palais de l'Industrie (1855), typique de l'architecture industrielle de l'époque. Aujourd'hui sont toujours présents les Grand et Petit-Palais, construits pour l'expo universelle de 1900. Le cours s'étendait jusqu'à l'actuelle Place de l'Alma. Cette partie terminale fut rebaptisée Cours Albert Ier en 1918, il correspond à la partie du Cours qui fut loti à la fin du XVIIIe siècle avec de nombreux hôtels particuliers.

  • N° 40 : Hotel Lalique, édifié en 1904, avec façade et toiture de style néogothique. La porte vitrée est de Lalique lui-même.

On note la présence également de nombreuses statues le long du cours.

Chaillot[]

Petit hameau sur les hauteurs de la colline de Chaillot, le territoire fut partagé au moyen-age entre divers monastères et seigneuries. Rejoint par l’expansion parisienne, le territoire deviendra un faubourg parisien en 1659. La future N10 continuait son trajet en bordure de Seine, loin du hameau.

La place de l'Alma[]

Le lieu marque symboliquement le faubourg de la conférence, nom qui succéda à Chaillot lors de l'incorporation parisienne. La place fut aménagée à partir de 1858 pour recevoir les axes suivants : avenues de New-York, du Président-Wilson (Ex-Trocadero), George-V (Ex-Alma) et Montaigne, ainsi que le pont de l'Alma (1856). Sur cette place, se trouve la flamme de la liberté, offerte par les américains et installée en 1989.

L'Avenue de New York[]

Longeant la Seine, la route sera progressivement aménagé en quai. Elle prendra les noms successifs de quai des Bonshommes, quai de Chaillot et quai Debilly (1807), puis avenue de Tokio (1918) et enfin avenue de New-York en 1945. Ces modernisations sont la suite logique de l'importance croissante de la route, entre Versailles et Paris, à partir de 1685.

  • N° 2 : Emplacement de la pompe à feu de Chaillot, destinée à pomper l'eau de la Seine. Elle fonctionna de 1781 jusqu'en 1902 mais la production de vapeur à partir du charbon avait un mauvais effet sur l'environnement.
  • Du 12 au 20 : Le Palais de Tokyo. Construit lors de l'exposition internationale de 1937, il sert aujourd’hui de musée. A son emplacement s'élevait autrefois la manufacture de la Savonnerie. Ce fut une des premières manufactures royales de France (1631). Son nom vient qu'initialement, une savonnerie était présente. Elle fut remplacée par un orphelinat sous Marie de Médicis. Ces orphelins procuraient de la main d'oeuvre bon marché : cela attira deux fabricants de tapis qui transférèrent sur le site en 1631 leur manufacture royale. Elle fut réunit à celle des Gobelins en 1825 et quitta les lieux.
  • Au croisement avec la rue de la Manutention : c'est ici que le grand égout de Paris se jetait dans la Seine.
  • No 26 : conservatoire russe Serge Rachmaninoff. Créé en 1923, il propose des formations basée sur les traditions musicales russes.
  • Du 26 au 54, se trouvait auparavant l'usine de constructions de locomotives Cail détruite par un incendie en 1865.
  • Barriere de passy

    La barrière de Passy, vue de la Seine

    Les jardins du Trocadéro. Aujourd'hui dominé par le Palais de Chaillot. Les lieux connurent diverses affectations. A partir d'un simple édifice acquis en 1583, Catherine de Médicis fit construire une maison de plaisance qui devait être inspirée des villas antiques : Catherinement. Le château est acquis en 1651 par les religieuses du couvent de la Visitation Sainte-Marie à l'initiative d'Henriette d'Angleterre qui y sera inhumée. Il sera abandonné au début de la Révolution française et détruit en 1794 par l'explosion de la poudrerie de Grenelle. Un vaste projet napoléonien : le Palais du Roi de Rome aurait du y prendre place, mais le secteur resta en terrain vague jusqu'à l’élévation du palais du Trocadero (1878).
  • Du 56 au 66 : emplacement du couvent des Minimes, détaillé dans le paragraphe suivant car en dehors des limites d'octroi de 1788.
  • Au croisement avec l'actuel rue Beethoven : emplacement de la barrière de Passy, limite de l'enceinte des Fermiers Généraux. Ce fut un lien important pour la surveillance des marchandises entre Versailles et Paris. C'est peut-être pour cette raison qu'elle était en avancée par rapport aux autre portes de Chaillot. Elle disparut lors de l'extension parisienne de 1860.

Passy (Avenue Kennedy)[]

Administrativement parlant, le village de Passy commençait après la barrière. Simple hameau d'Auteuil, il s'est développé en hauteur des coteaux de Seine en attirant autant une population bourgeoise en recherche d'espace que des industries naissantes. La N10 reste cependant en contrebas de cette urbanisation. Ce fut d'abord le Quai de Passy, puis depuis 1964, l'avenue du Président-Kennedy.

Bien que situé en amont de l'Avenue Kennedy, le couvent des Minimes faisait partie du territoire de Passy. Fondé en 1493 par des dons d'Anne de Bretagne, ce fut un établissement important avec les bâtiments conventuels classiques, des jardins fruitiers et 7,7 hectares de domaines (en majorité de vigne). Les religieux sont chassés en 1790 et le domaine rapidement démantelé. L'église fut détruite en 1796, tandis que les autres bâtiments servirent aux industries (filatures, raffineries de sucre, etc...). Ils disparurent en 1876.

  • Algeco

    Les "Algécos" du ministère et vue actuelle (Vue Geoportail)

    No 14 : Emplacement de la raffinerie de Benjamin Delessert, où fut produit pour la première fois du sucre de betterave (1812).
  • Du 32 au 46 : Le parc de Passy. Initialement, la présence d'une source ferrugineuse permet l'établissement de cure en 1720 par l'abbé Le Ragois. Ce lieu a beaucoup du succès et voit passer des personnalités, avant de fermer en 1868. Il subsistera un parc jusqu'en 1950, date où il accueille des préfabriqués logeant le ministère de la Reconstruction, jusqu'en 1992.
  • Du 100 au 104 : Emplacement des jardins de l’hôtel de Lamballe, qui descendait alors jusqu'à la Seine, ils furent lotis à partir de 1925.

La route s'éloigne alors doucement des bords de Seine pour se diriger vers les coteaux d'Auteuil. Elle est surplombée par le raccordement de Boulainvilliers. Ouvert en 1900 pour l'expo universelle pour relier Saint-Lazare aux Invalides, tout passage cessa après 1924. La création du RERC (branche C1) va revitaliser cette branche à partir de 1987.

  • N°116 : La maison de la radio, construite de 1952 à 63. Elle a succédé aux usines à gaz de Passy, puis à des terrains de sports. Le Geoportail montre bien l’évolution du quartier : ICI.

Auteuil[]

La route de Versailles[]

La route rejoint le territoire de l'ancien village d'Auteuil. Une modeste seigneurie qui, au fond d'une boucle de la Seine, est restée relativement épargnée des vicissitudes de l'histoire. Notre route s'engage sur l'avenue de Versailles (autre fois, route de Versailles), c'est enfin la reconnaissance du rôle de la N10 en tant que grande liaison pour relier Paris à la ville de Louis XIV. Ce tracé s'écarte de la Seine, mais reste bien en contre-bas du hameau historique.

  • N° 77 : Musée de l'eau de Paris. C'est l'emplacement d'une ancienne pompes à feu, qui alimentaient en eau Passy et Auteuil en puisant l'eau de la Seine. Au 93, se situe une autre pompe, construite en 1925 et toujours active.
  • N°144 Ter: Entrée du Parc Sainte-Périne. Avec l'hôpital voisin, ce parc est le reste d'un vaste domaine qui servait de résidence de campagne et de repos aux moines de l'abbaye Sainte-Geneviève. Le domaine fut morcelé à la révolution et l’hôpital de Paris est présent depuis 1858 (hôpital Sainte-Périne).
  • N° 142 : Immeuble Jassédé (1905), Construit par Guimard avec des éléments décoratifs en fonte.
  • Du 152 au 154 ; croisement avec le Boulevard Exelmans (ouvert en 1863). La ligne d'Auteuil (rattachée à la petite Ceinture) y passait alors en viaduc avec la gare du Point-du-Jour pour arrêt. Cette ligne fut construite en 1867 et fut fermée au trafic voyageurs en 1934. La gare fut rasée en 1960, en même temps que le viaduc, pour faciliter la circulation routière et la mise en place d'une trémie.

A partir du N° 185, se détachent plusieurs rues qui à divers moments, représentèrent la route principale vers Sèvres. C'est très certainement que le chemin le plus ancien menait vers le hameau de Billancourt. Autrefois le chemin du Point-du-Jour, c'est l'actuelle rue Claude-Terrasse dans Paris.

Mais devant la nécessité de faciliter la liaison entre Versailles et Paris, une route longiligne fut tracé pour rejoindre l'ancien Pont de Sèvres. C'est l'actuelle rue Le Marois (voir ICI).

Enfin, avec la reconstruction du pont de Sèvres sous Napoléon, une nouvelle voie directe sera tracée vers 1810. L'avenue de Versailles continue sur ce tracé. Peu d’éléments remarquables s'en détachent avant l'arrivée à la Porte-de-Saint-Cloud.

Le chemin du point-du-jour[]

Ce chemin le plus ancien a pour origine un hameau qui se situait vers les numéros 140 à 150 de l'Avenue de Versailles. Urbanisé, ce chemin prit le nom de rue Claude-Terrasse. Peu d’éléments s'en distingue, si ce n'est au N°32, une ancienne ferme, ICI. Le chemin devait avoir une certaine importance car il eut droit à sa porte dans l’enceinte de Thiers : La Porte-du-Point-du-Jour (détaillé ci-dessous).

Il se poursuivait ensuite vers Billancourt par l'actuelle Avenue Marcel-Doret. La création du boulevard périphérique en 1969 amènera la coupure du tracé.

Vers l'ancien Pont de Sèvres[]

Encore une fois, peut d’éléments significatifs se détache de cette voie. Rien ne rappelle que la tranquille rue Le Marois fut un grand axe vers Versailles. Rien ne rappelle également que la tranquille Place Léon-Deubel abritait une grande place d'où partait l'ancienne grande route vers Saint-Cloud (la future N307). Ce chemin sera coupé lors de l'établissement de l'enceinte de Thiers et la construction du bastion 66. Ce dernier sera remplacé durant les années 20 par les HBM typiques de la destruction des fortifs.

A noter que plusieurs immeubles de ce quartier seront touchés par les bombardements des usines Renault en 1942 et 43.

Les portes de Paris[]

Lors de la construction de l'enceinte de Thiers en 1841, deux portes furent aménagées pour permettre l'accès à Paris.

La Porte du Point-du-Jour[]

A la suite de la rue Claude-Terrasse. Du fait d'un trafic limité avec la seule Billancourt, elle représentait une petite ouverture avec ses grilles et son bureau d'octroi. Historiquement, c'est par cette porte que les forces versaillaises commencèrent leur reconquête de la Commune Parisienne. Cette porte sera dégagée des emprises militaires dès 1922. Outre les HBM évoqués ci-dessus, l'espace libéré servira à établir de nombreux courts de Tennis, du Tennis Club de Paris.

Le périphérique arrive en 1969, mais aucun échangeur n'est prévu avec l'ancienne porte. Un accès à celle-ci était possible en venant du sens intérieur, mais il sera fermé après 2005.

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Vue de la porte (1910), vers Billancourt. Les grilles et guérites d'octroi sont bien visibles.

Vue actuelle : [8]

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Vue de la porte (1910), vers Paris.

Vue actuelle : [9]

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Vue de la zone après la porte (1920). La Porte du Point de jour est à gauche de la photo. Billancourt vers la Droite. Les fossés des fortifs et la zone est bien visible.

La porte de Saint-Cloud[]

Elle représente le passage de la route principale vers Versailles, son franchissement de l'enceinte de Thiers devait donc être le plus important possible. Au débouché de plusieurs avenues, elle apparait large sur les anciennes cartes postales.

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Vue de la porte (1910), vers Boulogne. Les grilles et guérites d'octroi sont bien visibles.

Vue actuelle : [10]

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Porte de St Cloud, vue vers la rue Michel-Ange. A noter le panneau d'entrée de Paris, signifiant le passage obligé des marchandises.

Vue actuelle : [11]

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Porte de St Cloud côté ville. Ce passage était réservé aux sortants de Paris.

Vue actuelle : [12]

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Les fontaines en eaux (1939) - vue vers Boulogne.

A partir de 1921, les fortifications seront rasés et des HBM sont rapidement constructions. Par la suite, la porte sera réaménagée en une vaste place, avec de nombreuses liaisons vers Boulogne. Un important jardin public sera crée, dans la volonté de donner un peu de verdure à Paris. Enfin, elle sera la seule porte à recevoir un aménagement monumentale, sous la forme de deux fontaines, symbolisant les eaux de la Seine. Ces dernières viennent d'être remises en eau, après plus de 30 ans d’arrêt. L' Église Sainte-Jeanne-de-Chantal, de style romano-byzantin, fut construite entre 1933 et 1962.

A la suite de la porte, la zone fut rapidement nettoyée, d'autant que Paris annexa des territoires de Boulogne en 1925. L'avenue Ferdinand-Buisson, marqua la séparation entre les deux villes. Entre celle-ci et la Porte, on aménagea les jardins de la Porte-de-Saint-Cloud, ainsi que le stade Pierre-de-Coubertin.
Enfin, l'arrivé du Périphérique entrainera une modification de la voirie. Les travaux s'étaleront sur 4 ans :

  • Oct 1967 : Quai d'Issy - Avenue Marcel Doret (sur une voie)
  • Avril 1968 : Quai d'Issy - Avenue Marcel Doret (sur deux voies)
  • Avril 1970 : Avenue Marcel Doret - Porte de Saint-Cloud
  • janvier 1971 : Porte de Saint-Cloud - Porte Molitor (BP Intérieur)
  • juin 1972 : Porte Dauphine - Porte de Saint-Cloud (BP Extérieur)

L'aventure des tramways[]

C'est sur le tracé de la N10 qu'a débuté l'aventure des tramways parisiens.

Après la réussite de la mise en place d'un premier vrai tramway à New York (en 1853), grâce à l'emploi du rail à gorge qui, en s'encastrant dans la chaussée, ne dépasse pas de la route et est sans danger pour les autres usagers, un ingénieur français, Alphonse Loubat voulut introduire ce nouveau mode de transport dans la Capitale. Une première voie d'essai fut construite entre la Concorde et la barrière de Passy et des essais eurent lieux du 21 novembre 1853 jusqu'au début de l'année 1854. Bien que concluants, l'administration refusa cependant que des rails soient posés au delà de la Concorde. Pire, l'Expo universelle de 1855 empêcha la pose des rails définitifs et Loubat ne put ouvrir sa ligne qu'en septembre 1855, du rond-point de Boulogne à la place de l'Alma. Une configuration peu propice aux bénéfices.

La CGO racheta rapidement la concession, et prolongea la ligne jusqu'à la Concorde le 1er novembre 1856. En 1857, s'ouvrit le tramway de Sèvres à Versailles (TSV), construit en accotement de la N10. La CGO avait déjà œuvré pour relier son tramway à cette nouvelle ligne, et le 10 novembre 1857, il était donc possible de voyager de la Concorde jusque Versailles.

La réseau de tramway parisien ira en s’agrandissant à partir de 1875, avec la création de nouvelles compagnies, mais la CGO conserva seul l'emprise de la N10, d'autant qu'elle racheta le TSV en 1880.

Avant guerre, on voyait donc circuler :

  • Le AB : Musée du Louvre-Versailles ou Pont de St Cloud. Sur toutes la longueur du trajet décrit ci-dessus.
  • Le J : Châtelet–Château de la Muette, avec un passage du Châtelet jusqu'à la Place de l'Alma.
  • Le M : Gare de Lyon-Avenue Victor Hugo, avec un passage du Pont Solférino jusqu'à la Place de l’Alma.

Une importante remise de la CGO se trouvait porte de Saint-Cloud. Après la grande guerre et la reprise des services par la STCRP, circulaient :

  • Le 1 (ex AB) : Musée du Louvre-Versailles, fermé le 13 août 1934.
  • Le 2 (ex AB) : Musée du Louvre-Pont de St Cloud, fermé le 13 août 1934.
  • Le 12 (ex J) : Châtelet–Gare d’Auteuil. Toujours en passant du Châtelet jusqu'à la Place de l'Alma. Fermé le 29 décembre 1930.
  • Le 18 : Pont de Saint Cloud-Saint Sulpice. Ouverte le 18 juin 1922 et seulement sur l'Avenue de Versailles en tronc commun avec le 2. Fermé le 2 septembre 1935, date où les tramways sont définitivement chassés du parcours parisien de la N10.
  • Le 19 (ex M) : Gare de Lyon-Avenue Victor Hugo. Du Pont Solférino à la Place de l’Alma. Fermé le 27 mai 1935, date où les tramways sont définitivement chassés des quai rive droite de Seine, à l'ouest de la ville.

Pour aller plus loin[]

Histoire des tramways parisiens : [13]

La gare du Point du Jour : détail

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