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Le tracée de la N20 dans Paris est facilement repérable car elle reprend le cardo maximus romain dans sa direction vers Orléans. Au cours du temps, l'axe Saint-Jacques médiéval sera abandonné au profit de l'axe Saint-Michel, bien plus circulant.

Le chemin Saint Jacques

L’île de la Cité

ND de Paris 1699

Parvis Notre-Dame (1699)

C'est donc du parvis Notre Dame que démarre la N20, face à la Cathédrale Notre-Dame. L'église domine l’île depuis près de 8 siècles et on a peine à imaginer ce qu'était l'environnement immédiat de la cathédrale autrefois, où seules les tours émergeaient d'un habitat extraordinairement dense avec un lacis de rues étroites et tortueuses. Siège du pouvoir royal au moyen-age, l’île de la Cité fut délaissé par les rois de France à partir du XVème siècle et laissé aux échevins parisiens. Ces derniers se soucièrent peu d'urbanisme en ces lieux et aucun bouleversement, hormis quelques percées et rectifications de rues, ne vint troubler les lieux avant les travaux d’Haussmann. La route naît donc sur un parvis qui apparaît six fois plus petit qu'aujourd'hui. Sous les pavés reposaient déjà les restes de la cathédrale Saint-Étienne, grand édifice qui a précédé Notre-Dame. On y trouvait aussi une fontaine construite en 1625, fort précieuse pour alimenter les habitants de l'Île en eau courante. Elle était alimentée par la pompe Notre-Dame et fut démolie en 1748, lors de la restructuration du parvis.

Cité-turgot

Extrait du Plan Turgot

Le cheminement de la N20 dans sa configuration médiévale se retrouve sur le plan de Turgot (1739 - Suivre ce lien pour accéder au plan). Quittant donc le parvis, le route s'engage rue Saint Christophe (du nom de la très ancienne église face à Notre-Dame, encore visible sur le plan de Turgot). Cette église fut détruite en 1747 pour agrandir le parvis, tandis que l'on édifia l'hôpital des Enfants-Trouvés en 1748. Signe de la nécessité de cette institution, l'hôpital dut être agrandi en 1782. A la Révolution, le bâtiment fut occupé par l'Administration des Hospices, puis, en juin 1849, par l’Administration générale de l’Assistance publique à Paris. Il est remanié et encore agrandi en 1838, occupant alors tout l'îlot entre les rues St Christophe et Neuve Notre-Dame. Tout ceci disparaîtra à partir de 1865 sous l'impulsion d’Haussmann, qui voulut faire de l’île un centre administratif en lieu et place des habitations. Le parvis Notre-Dame fut donc largement agrandi, tandis que le nouvel Hôtel-Dieu fut reconstruit entre 1868 et 1875 sur le côté nord du parvis. Ces choix esthétiques sont encore décriés aujourd'hui et seul un pavement plus clair sur le parvis rappellent le viaire d'un Paris disparu.

Marville saint christophe2

La rue Saint Christophe en 1865. A gauche, les bâtiments de l'Assistance publique. Notre-Dame est derrière le photographe.

Étude par le site Vergue : ICI

Vue actuelle : [2]

Assistance-publique 1867
L'assistance publique de Paris en 1867. Les maisons de la rue St Christophe ont déjà été abattues.

Étude par le site Vergue : ICI

Vue actuelle : [3]

Marville Saint-Christophe
Rue St Christophe depuis de la rue de la Cité (1865).

Étude par le site Vergue : ICI

Vue actuelle : [4]

La route s'engage ensuite sur ce qui fut le Cardo de Lutèce, aujourd'hui rue de la Cité, et pendant longtemps, rue du Marché-Palu. Un carrefour en apparence insignifiant, mais d'où partent également la rue de la Calendre (future N1) et la rue de la Juiverie (future N2). Palu en vieux français, signifie marais, étang, bourbier, signe que cet ancien marché était établi sur un lieu humide et boueux. Bien qu'elle n'ait jamais été formellement retrouvé, les archéologues pensent que l'enceinte de la Cité entourait l’île sur un périmètre plus restreint que les limites actuelles. La toponymie semble confirmer que le marché devait se tenir en bordure même de Seine, en avant des remparts, dans un secteur à la merci de la moindre modification du débit du fleuve.

Petit Pont et Petit Châtelet

Déjà sous les romains, un pont fut déjà construit pour franchir le petit bras du fleuve. Son intérêt défensif devint évident lorsqu'il fallu protéger les parisiens réfugiés dans l’île de la Cité, à la suite des nombreuses invasions qu'eut à subir la capitale. C'est de cette époque que dut s'amorcer l'édification du premier petit Châtelet. Forcément fragile, le petit pont subira plusieurs constructions et destructions au cours du Moyen-age. Jusqu'en 1378 (date de construction du pont Saint-Michel), il était le seul pont permettant d'accéder de la Cité vers la rive gauche..

Le Petit-Pont sera reconstruit plusieurs fois au cours du temps. D'abord en bois, une première construction en pierre fut établie en 1409. Visible sur toutes les anciennes représentations urbaines parisiennes, le Petit-Pont et toutes les maisons qui y étaient construites furent totalement détruites par un incendie en 1718. Il fut remplacé par une autre réplique de pierre à trois arches cintrées. Les superbes gravures d'Hoffbaueur représentent cette évolution.

Fait notable, la construction d'habitations y était interdite dès cette époque, contrairement aux usages : c'est le pont visible sur le plan de Turgot plus haut.

Mais la navigation se renforçant sur le petit bras de la Seine, les deux piles de l'ancien pont devinrent un obstacle insurmontable à la navigation. En conséquence, le remplacement de ce pont par une construction à arche unique fut décidé en 1851, et devint effectif à la fin 1853. C'est le pont encore en place aujourd'hui (voir la vue actuelle [5]). Entre-temps, le Petit Châtelet avait disparu...

Ce petit Châtelet devait ainsi protéger l’accès au Petit-Pont. D'abord en bois, il fut construit dans sa forme la plus connue en 1369 sous Charles V, et domina la Seine pendant 4 siècles. Véritable forteresse que la route traversait "par un passage obscur", elle permettant un contrôle facilité des voyageurs et des marchandises. Il servit également de prisons, mais ses cellules étaient moins craintes que celles de son homologue du grand Châtelet. Le petit Châtelet fut démoli en 1782 et l’espace dégagé devint la place du Petit-Pont.

Paris St Jacques N20

La rue Saint-Jacques dans les murs

Bien avant l’apparition de Lutèce, l'actuelle rue Saint-Jacques devait déjà être un chemin très fréquentée par les voyageurs qui se rendaient du nord au sud de la Gaule. Sans surprise, quand le Lutèce romain s’établira sur la rive gauche, c'est tout naturellement que ce chemin deviendra le Cardo Maximus de la nouvelle cité. Elle sera une voie romaine importante, solidement pavée avec de grosses dalles de pierre. Thermes et forum seront construits le long de cette route. A la chute de l'Empire, la route subsistera comme voie d'accès de Paris, et quand la ville s'étendra de nouveau rive gauche, c'est le long de cette voie que s’installeront les édifices importants de la rive Gauche. L'université de Paris s'installera dans ce secteur et donnera une grande importance au quartier. C'était également la principale artère pour les nombreux pèlerins qui se rendaient à Saint-Jacques-de-Compostelle (d'où le nom de la rue).

Cependant, et bien qu'axe majeur du vieux Paris, la rue a longtemps gardé une étroitesse importante au point qu'il devait y régner une extraordinaire densité de circulation. Et si les plans anciens ne le représente guère, les photos anciennes de Paris en montre toute l'ampleur.

Rue-petit-pont

Entrée de la rue du Petit-Pont, vue vers la Rue St Jacques (Marville-1866), signalant l'étroitesse de la rue dans ses parties médiévales.

Étude par le site Vergue : ICI

Vue actuelle : [6]

La rue ne fut élargie lentement qu'à partir du XIXe siècle, et sûrement pour cette raison, ne reçut aucune ligne de tramway.

Divers monuments évoquent une histoire millénaire le long de la rue, qui seront considérés vus d'un promeneur se dirigeant vers la campagne.

  • n° 12 : église St Séverin, dont le chevet est visible de la rue. Église très ancienne dont des parties remontent au XIIIe siècle. Elle a la particularité d'avoir conservé quasiment intact l'emplacement de son cimetière et de son charnier. Ce cimetière était entouré sur trois côtés d'une galerie, analogue à celle d'un cloître, construite vers 1430. Il fut fermé en 1674.
Atget-saint-severin-saint-jacques-1899 m

Croisement de la Rue Saint Jacques et de la rue de St Séverin (Atget-1899)

En fond, l'église St Séverin non dégagé des habitations rue Saint Jacques.

Étude du quartier par le site Vergue (ICI)

Vue actuelle : [7]

  • 34 : emplacement du couvent des Mathurins. L’installation date de 1219 et les frères jouèrent un rôle important dans l'organisation de l'université parisienne. Les derniers religieux de l'ordre quittèrent les lieux en août 1792 et les biens furent dispersés. L'église elle-même fut démolie en 1863 en même temps que les bâtiments claustraux situés contre l'Hôtel de Cluny au moment de l'aménagement de la rue de Cluny. Seul subsiste un bout de mur, rue de Cluny (voir ICI[8]).
  • 55 : Cette maison abrite une cave voûtée en berceau et un bloc de grès du cardo maximus de Lutèce, matérialisant que le niveau actuel de la rue a été rehaussé d'environ 1,5 mètre.
St Jacques Malville 1866

Rue Saint Jacques vers le numéro 57 (Marville-1865), signalant l'étroitesse de la rue dans ses parties médiévales.

Étude par le site Vergue : ICI

Vue actuelle : [9]

  • 46 : emplacement de l'ancienne église Saint-Benoît-le-Bétourné. Elle avait la particularité d'avoir son chœur dirigé vers l'ouest. Elle fut transformée en magasin à fourrage en 1790 et détruite en 1831. A sa place, et du numéro 46 à 58, a été construit les bâtiments de la Sorbonne, et plus particulièrement l'aile de la faculté des sciences. Ce grand ensemble fut érigée entre 1885 et 1901 et remplaça des bâtiments construits sous Richelieu. On notera la présence de l'observatoire de la Sorbonne situé sur le toit de la l'aile des sciences. Il comprend une lunette d'observation de 153 mm de diamètre et est souvent représenté sur les carte postales anciennes.
  • 121 : le Collège de France. Fondé par François Ier en 1530, il avait pour but d’enseigner des disciplines que l'université de Paris ignorait. Il restera un des lieux d’excellence de la transmission du savoir en France. La décision de le mettre à cet emplacement date d'Henri II, tandis qu'une bonne partie des bâtiments actuels remontent à 1780. A ce niveau se trouvait également les thermes de l'est romaine.
  • n° 131 : emplacement de l'ancienne église Saint-Étienne-des-Grès . Église très ancienne mentionnée dès 857, elle était noyée dans la masse des habitations alentours. Elle fut démolie dès 1792 et les dernières ruines disparurent lors de l'extension de la Faculté de Droit en 1876.
  • no 158 : emplacement du couvent de Jacobins qui, comme leur nom ne l’indique pas, était un couvent dominicain fondé au début du XIIIe siècle. Les installations avaient pour but de servir d’hôpital aux pèlerins pour Compostelle et les bâtiments furent construits contre l’enceinte de Philippe Auguste. L'église était célèbre pour les sépultures qu'elle accueillait ainsi que par la présence de nombreuses tombes et reliques de défunts célèbres. Le couvent fut supprimé en 1790 et les bâtiments furent démolis entre 1800 et 1849. Notons que ce n'est pas ici que se tenait le club révolutionnaire, mais dans le couvent de la rue Saint Honoré.

C'est sous les fondations du couvent que l'on retrouve l'emplacement du forum romain de Lutèce.

Poste St Jacques Paris

A ce niveau, nous arrivons au sommet de la Montagne Ste-Geneviève, dominant la rive gauche du Paris médiéval et où depuis la Seine, 750 mètres de routes ont vu se dérouler une vie intellectuelle intense. Ce quartier latin qu'il fallait protéger, sera clos par l'enceinte de Philippe Auguste entre 1200 et 1215. Une porte solide, la Porte Saint Jacques fermait les accès du Paris de l'époque. Elle se situait au croisement actuel de la rue Soufflot avec la rue St Jacques, mais hormis une plaque souvenir, rien n'en rappelle l’existence (voir ICI). Cette porte apparaissait comme un édifice lourd et carré et fut rasée en 1684. Parmi les nombreuses représentations de cette porte, celle du plan de Vasselieu (1609) est une de plus intéressante. Outre la représentation de la porte, du couvent des Jacobins et de St Étienne des Grès, il y est représenté une procession se rendant place de l'Estrapade, où un malheureux est en train d'y subir ce supplice. Une odonymie loin d'être usurpée...

Notons que la rue Soufflot fut tracée en plusieurs fois. Dès 1760 entre la rue Saint-Jacques et le Panthéon, alors que le Boulevard Saint Michel ne sera atteint qu'en 1876.

La rue Saint-Jacques hors les murs

Fb St Jacques RN20

Passés les murailles de Philippe-Auguste, nous entrons dans le faubourg Saint-Jacques historique, même si la rue n'a pas encore changé de nom. Aux établissements universitaires vont succéder les établissements religieux. Le resserrement de la rue Saint Jacques est encore bien visible au niveau des numéros 206 à 216.

  • no 191 : l'Institut de géographie, réalisé entre 1914 et 1926 et au no 195 : l'Institut océanographique de Paris, fondé par Albert Ier de Monaco. Cet ensemble, formant le Campus Curie, a remplacé en 1910 les bâtiments conventuels construits pour les Visitandines en 1632 et repris en 1808 par l'ordre des Dames de Saint Michel. Cet ordre avait pour but d'accueillir les filles que la pauvreté avait contrainte à la prostitution, mais désirant sortir de cette état. Quelques cartes postales rappellent ces lieux.
Visitandines Paris

Rue Saint Jacques vers le numéro 122 (C.P. vers 1905). On notera la présence publicitaire déjà importante.

Vue actuelle : [10]

  • no 252 : l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas , construite en plusieurs fois à partir de 1584. Jean-Denis Cochin en fut son curé de 1756 à 1780. Au cours de son activité, il fondera un hospice pour les indigents, base du futur hôpital Cochin.
  • no 254 : l'actuel Institut national des jeunes sourds de Paris. Créé en 1791, l'institut des sourds de naissance avait pour finalité la poursuite de l'œuvre fondée en 1760 par l'abbé de l'Épée, premier instituteur gratuit des sourds et muets. Les bâtiments datent de 1820. À l'origine, en 1286, il y avait une commanderie des frères de Saint-Jacques-du-Haut-Pas. En 1572, Catherine de Médicis y fait installer les moines de l'abbaye Saint-Magloire de Paris. En 1618, le monastère est finalement attribué aux oratoriens qui installent un séminaire. Il est au XVIIe siècle, le seul séminaire de Paris, où vont se former des jeunes gens cultivés et aisés.
  • no 253 : emplacement du couvent des Ursulines. Les religieuses s'installèrent dans ce nouveau couvent en 1610. Le monastère comprenait un pensionnat recevant des élèves de la noblesse et de la bourgeoisie. On y trouvait également des classes gratuites pour enfants pauvres. Le couvent fut vidé en 1792, vendu en 1798 puis démoli. Sur son emplacement fut ouverte la rue des Ursulines en 1807.
  • no 269 : locaux actuels de la Schola Cantorum de Paris, établissement privé d'enseignement supérieur, consacré à la musique, la danse et l'art dramatique, fondée en 1894, notamment par le compositeur Vincent d'Indy. Cette école a repris les bâtiments des bénédictins anglais. Ces derniers étaient des anglais qui pratiquaient le culte romain en dépit des persécutions anglicanes. Installés dès 1642, le monastère et sa chapelle furent construits entre 1674 et 1677. Le corps du roi Jacques II demeure dans l'église du monastère. Pendant tout le XVIIIe siècle, le couvent fut le rendez-vous et le refuge des Jacobins, des Stuarts et des aristocrates anglais émigrants.
  • n° 279 : l'Abbaye du Val-de-Grace. Fondée sous l'impulsion d'Anne d'Autriche en 1621, les premiers bâtiments furent érigées de 1624 à 1643. L'église suivit des années plus tard, avec bien des difficultés et reste. On notera que cette chapelle Sainte-Anne renfermait les cœurs embaumés de 45 rois et reines de France. Ils furent profanés à la Révolution et certains cœurs finirent comme composant de peinture. Contrairement à de nombreux établissements voisins, l'ensemble furent préservé. Si les religieuses furent rapidement chassées, les bâtiments furent réaffectés d'abord en hôpital militaire (1793) puis hôpital d'instruction (1796), ce qui permet d'admirer encore cet héritage du baroque français.
  • Du 330 St Jacques au jardin de l'Observatoire : emplacement de la Nécropole St Jacques. Les romains avaient interdiction de pratiquer les inhumations à l’intérieur des villes. On a retrouvé dans ce lieu, à quelque distance de la Lutèce antique, de nombreuses tombes et sculptures lors des diverses fouilles.

Le faubourg Saint-Jacques

Passé le boulevard du Port-Royal, nous entrons dans la rue du Faubourg-Saint-Jacques proprement dite.

  • n° 1, fut élevé le Couvent des capucins. Les religieux s'y installèrent en 1613, avant de construire leurs propres bâtiments. Ils quittèrent les lieux en 1783 pour s'installer Chaussée d'Antin. Sur ordre du roi, le couvent fut réutilisé pour y établir un hôpital d’intérêt général, à destination des malades atteints du mal vénérien. Les bâtiments ont subsisté jusqu'au début du XXe siècle et il ne reste aujourd'hui que la porte d’entrée, boulevard de Port-Royal. A ce moment, l'institution fut englobé dans la vaste enceinte de l'hôpital Cochin.
Hop cochin

Le vieil hopital Cochin.

Vue actuelle : [11]

Les origines de cet hôpital remontent à l'action de l'abbé Cochin. Outre les indigents du quartier, son hospice avait pour but de donner des soins aux ouvriers carriers accidentés lors des travaux exécutés dans les immenses carrières souterraines du faubourg. L’hôpital proprement dit fut crée en 1802 au niveau du numéro 35 actuel et ne cessera de s'agrandir en rassemblant divers services à proximité.

C'est sous ce lieu que l'on retrouve les premiers éléments des carrières souterraines de Paris. L'exploitation intensive des lieux amena à des nombreux effondrements à la fin du 18ème siècle. Face à ce problème, des premiers travaux de soutènement furent lancés sous la carrière des Capucins, et 3 ans plus tard, Louis XVI  impulsa la création de l'inspection générale des carrières (IGC) en 1777. Ce secteur sera l'un des premiers à être consolidé, sans doute car leurs bureaux se trouvaient alors dans l'enclos des Capucins. On notera l'établissement en 1810 de la fontaine souterraine des Capucins. Cet aménagement a pour fonction de contrôler la hauteur d'eau de la nappe phréatique, car c'est à ce niveau que la nappe est la plus haute, et non d'alimenter en eau les hospices alentour. Une association s'occupe aujourd'hui de la promotion de ce patrimoine [12].

  • En face, se dressent les bâtiments du Port-Royal de Paris. Les premiers éléments (Hôtel de Clagny) furent construit par Pierre Lescot entre 1566 et 1569. L'hôtel sera remanié vers 1626 pour y accueillir le couvent de Port-Royal et décongestionner ainsi la maison mère de Port-Royal des Champs. Comme sa maison mère, l'abbaye est un lieu du jansénisme et les sœurs ayant refusé de se rétracter seront expulsées et remplacées par les visitandines jusqu’à la Révolution. Le couvent de Port Royal sera fermé en 1790 et il servira de prison de 1790 à 1795. A cette date, l'Hospice de la Maternité, hôpital public, est ouvert. En 1814, les services d'accouchement et l'école y sont transférés, il prend le nom de Maternité de Port-Royal. Intégré dans l'hôpital Cochin aujourd'hui, le cloître, par cette affectation, a pu être préservé.
  • n° 38 : l'hôtel de Massa. De style néoclassique, il fut bâti de 1777 à 1779. Cet hôtel particulier se situait à l'origine sur l'avenue des Champs-Élysées. Il a la particularité d'avoir été démonté et transféré pierre par pierre en 1929 dans un parc détaché des jardins de l'Observatoire.
  • L'observatoire de Paris. Voulu par l'Académie royale des sciences en 1666, l'implantation sera décidée le 21 juin 1667 suivant un plan médian du bâtiment qui sera la base du méridien de Paris. En 1669, Colbert appella Giovanni Domenico Cassini pour diriger l'institution. Il sera l’initiateur d'une dynastie qui dirigera l’observatoire pendant 125 ans. Ce sont les travaux de cette famille qui seront à la base des études en géodésie et en cartographie moderne.

Au delà, les vieux plans nous révèlent un paris campagnard. C'est le royaume des carriers et des extracteurs de pierre. Ou pendant des siècles, les ouvriers vont extraire pierre et gypse d'une grande pureté, qui fera la réputation des carrières parisiennes. Mais au fur et à mesure d'une extraction anarchique et non concertée, va apparaître les effondrement de nombreuses carrières abandonnées. l'IGC va alors entreprendre le recensement de toutes les galeries souterraines connues aujourd'hui comme le grand réseau sud.

Ancienne et nouvelle route d'Orléans

Extrait du plan de Le Rouge (1749)

Les anciennes représentation des plan de Paris montrent l'intensité de ce que devait être cette activité par l'importance des moulins ou des représentations des roues d'extractions. Cette activité devait générer un incroyable trafic qui s'ajoutait à la circulation normale des voyageurs et des marchandises. C'est ainsi que sur les premiers plan larges de Paris au début du 18ème siècle, on observe qu'une une allée plantée et large quittant la rue du Faubourg Saint Jacques pour rejoindre la futur avenue d'Orléans a été tracée : premier signe de l'abandon du vieux chemin médiéval. On notera que la grande Avenue du Maine, tracée à la même époque, portait également le nom de Grande Route d'Orléans. Notre parcours ne sera plus désormais nommé que comme ancien chemin d'Arcueil, de Sceaux ou d'Orléans. Quand à la nouvelle voie de déviation, elle fut coupée par le Mur des Fermiers généraux (1786). L'actuelle petite rue Leclerc en est la seule survivance.

Barrière St Jacques

Barrière d'Arcueil (XIXe s.) et vue actuelle : [1]

Le mur fut pas un obstacle pour la circulation et il fut établi la barrière Saint-Jacques, devenue barrière d'Arcueil à la révolution. De cette époque date également l’aménagement de la place Saint-Jacques, en forme de demi-lune. Cette demi-lune qui évoque une invitée indésirable en cette place : la guillotine. Passé les excès de la Révolution, l'exécution des condamnés à mort ne devait plus revêtir la forme d'un grand spectacle et la volonté était de placer l'instrument des hautes œuvres loin du centre de la ville. Après avoir opté pour la place Vauban, face aux Invalides, c'est finalement la barrière Saint-Jacques qui est retenu par le préfet de police de Paris : "par des raisons d’humanité, ces lieux doivent être choisis le plus près de la prison où sont détenus les condamnés". Par discrétion pourrait-on rajouter, et comme le signalait déjà Victor Hugo en son temps :

À Paris, nous revenons au temps des exécutions secrètes. Comme on n'ose plus décapiter en Grève depuis juillet, comme on a peur, comme on est lâche, voici ce qu'on fait (Préface du dernier jour d'un condamné - 1832)

Les péripéties du déplacement de la guillotine sont narrées ici. Les têtes tomberont en ce lieu jusqu’en 1851. La remise de la Guillotine se trouvait au numéro 83 du Faubourg St Jacques.

Avant 1860, les limites de Paris s'arrêtaient ici, nous entrons alors dans le Petit Montrouge.

La rue Tombe-Issoire

La rue se superpose à l'ancien chemin romain, mais son aspect actuelle ne date que de l'urbanisation du XXème siècle. Auparavant, l'endroit était agreste, entre carrières d'extraction et guinguettes. Comme ailleurs, beaucoup de lieux d'amusements se retrouvent hors les murs pour échapper à l'octroi. Comme à chaque porte ou barrière parisienne, les contrebandiers usaient de toute les astuces pour frauder l'octroi, en profitant ici, des nombreuses carrières et passages souterrains.

  • n° 18 : l'église St Dominique. Élevé de 1913 à 1921. Elle se distingue par son architecture résolument romano-byzantine, alors qu'elle est dédiée depuis le début au culte catholique.
  • n° 26 et 28 : se cache la grange de la Ferme de Montsouris. Bien que délabré, ce bâtiment est le dernier exemple des nombreuses fermes "en ville" qui nourrissaient les parisiens autrefois en produits frais et en lait. Celle-ci fonctionna jusqu'au années 50... Le sous-sol est tout aussi riche, car l'on retrouve la Carrière du chemin de Port-Mahon, dernier exemple d'une carrière intacte datant du Moyen-Âge.

L'ensemble est menacé par un projet immobilier et un collectif s'est mis en place pour défendre ces reliques du vieux Paris (vue ici et ici)

  • Passage sous le RER B, l'ancienne ligne de Sceaux. Cette partie de la ligne fut rehaussé en 1865, afin d'éviter tout passage à niveau dans le Paris qui venait de s'agrandir.
Tombeissoire-Alesia

Rue de la Tombe-Issoire vers Paris Centre. La rue garde encore son caractère campagnard.

Vue actuelle : [13]

Tombe Issoire bast 81 et 82

Le quartier de la Tombe-Issoire et les bastions 81 et 82 (16/06/21- Source IGN)

  • Carrefour d'Alésia et croisement avec la rue Sarette. Ce secteur est connu pour son sous-sol, avec un réseau souterrain très fréquentée par les cataphiles [14].
  • n° 113 : le réservoir de Montsouris. L'un des cinq principaux réservoirs d'eau de Paris, l'ouvrage a été achevé en 1873, dans le cadre de la modernisation Haussmannienne. Il recueille et stocke l'eau provenant des aqueduc de la Vanne et du Loing, ainsi que des aqueducs d'Arcueil et de Cachan.

Lorsque l'enceinte de Thiers fut érigée en 1841, on ne jugea pas bon d'ouvrir une porte de ville pour un chemin si peu passant. La rue finissait donc abruptement sur la route militaire (futur boulevards des maréchaux). On y retrouvait également une caserne d'artillerie, visible à gauche de la Photo. Pour quitter Paris, il fallait prendre la Porte d'Orléans ou la Porte d'Arcueil (visible au milieu de la photo). Cette photo aérienne de 1921 montre ainsi les fortifications encore intactes où le bastion 81 est bien visible, ainsi que son fossé de contrescarpe et la zone non-aedificandi. Au même moment, la Ville de Paris cédait à l’État une bande de terrains à bâtir sur le sol de trois bastions (dont le 81 et 82 visibles sur la photo) pour la création de la Cité Universitaire. Les travaux iront bon train car les bastions seront rapidement arasés et la première résidence pour étudiants ouvrit ses portes dès 1925.

Les travaux militaires ayant effacé toute trace de l'ancien chemin médiéval, le tracé vers Arcueil sera progressivement retracé à fil des années, pour ré-atteindre le carrefour de la vache noire par la rue de la Vanne. Les évolutions sont visibles ici

Le chemin d'Enfer

Le déplacement du chemin d'Orléans dans Paris n'avait rien d'évident au départ. Car si l'axe St Michel correspond à un des cardo de Lutèce, la mise en place d'un axe large et direct fut long à partir de la Cité pris du temps, avec comme ultime acte le percement du Boulevard St Michel (de 1855 à 1860). Les tramways s'emparèrent de cet axe majeur et la Place St-Michel vit le croisement de plusieurs lignes.

Sur le reste du parcours, circulait principalement le G (CGO, Gare de l’Est – Porte d’Orléans), rejoint par l'Arpajonnais en 1893. Avec la mainmise de la STCRP, circulait le 8 (Gare de l’Est – Porte d’Orléans, fermé le 31 août 1936) et le 86 (Fontenay Aux Roses Mairie-Avenue Victoria, à partir d’août 21, fermé le 20 Juillet 1936). Les trains vapeur de l'Arpajonnais alimenteront encore les halles jusqu'en octobre 36. C'est donc sur cette axe que subsistera le plus longtemps un tramway sur un axe majeur parisien, mais lors de la fermeture de l'Arpajonnais, c'en était fini du transport sur rail en ces lieux.

Le marché-Neuf

LE marché neuf

Plan de Turgot (1739)

Le tracé par le chemin d'Enfer commençait discrètement à l'intersection de l'ancienne rue du Marché-Neuf avec la rue du Marché-Palu. D'après les érudits, il semblerait même que cette ouverture ne date que de 1558. On longeait le sud de l'église Saint-Germain-le-Vieux, église dont les traces remontent au 5ème siècle, rebâtie au 16ème, pour être fermée en 1790 puis démolie en 1796. Le Marché-neuf était un des rares espaces de l’île de Cité auparavant, ainsi qu'un des rares endroits s'ouvrant sur la Seine. Le marché qui s'y tenait devait alimenter une bonne partie de la population de l’île, et perdura jusqu'en 1854. Le plan Delagrive nous indique qu'une boucherie existait également dans ces lieux. Ironie des lieux, une morgue y sera aménagé à sa place en 1804, avant son transfert derrière Notre-Dame en 1864.

Hotel-dieu-1862

Vue sur le Marché-Neuf (Marville 1852). Les maisons de gauche vivent leurs derniers moments. Le Petit-Pont au fond est en reconstruction.

Sous Napoléon 1er déjà, les maisons de bord de Seine seront abattues (1808), ainsi que celles sur le Pont St Michel, afin d'ouvrir la ville vers la Seine. Mais les grands bouleversements auront lieu sous Haussmann. L'ensemble des maisons de la rue sont rasées pour permettre la construction des bâtiments de la préfecture de Police de Paris. Le trajet s'engage ensuite vers le Pont Saint Michel. Ce pont - comme la toponymie alentour - tient son nom d'une chapelle construite sous Louis VII qui se situait au sud de la cour actuelle de la Sainte-Chapelle. Très simple, rectangulaire à chevet plat, elle fut démolie en 1781/1782.

Le pont St-Michel

Bien que construit dans le prolongement d'un cardo romain, le premier pont ne date que de 1378. Subissant les furies de la Seine, il fut détruit et reconstruit plusieurs fois , son aspect actuel datant de sa reconstruction total en 1858. On notera qu'un promeneur pouvait autrefois passer le pont, sans se rendre compte qu'il franchissait le fleuve. En effet, outre les maisons sur le pont même qui masquait le fleuve, il n'y avait pas de quais dégagés digne de son nom : soit les maisons surplombait la Seine, soit de vraies grèves existaient pour un déchargement en masse des marchandises. Rappelons que le trafic fluvial étant la principale voie d’approvisionnement de Paris, jusqu'à l'arrivée du chemin de fer.

Ainsi, c'est seulement en 1808 que le Marché-Neuf sera attenant au Pont. Le Quai des Orfèvres [15], déjà existant autour du Pont-Neuf, ne sera aménagé vers le Pont St-Michel que par la même ordonnance Napoléonienne et à la même époque. Une rue de Hurepoix, qui reliait le pont au Quai des grands Augustins [16] , se verra débarrassée des maisons attenantes à la Seine également à la même époque. Enfin, le Quai St Michel [17], s'il était voulu dès 1558, ne fut réellement aménagé qu'en 1812.

Quaidesorfevres1900

Quai des Orfèvres vu du Pont St Michel (1900), avant agrandissement du Palais de Justice.

Vue actuelle : [18]

La rue de la Harpe

Le pont St-Michel débouche sur la place du même nom. Sa configuration date de 1855, lors du percement du Boulevard Saint-Michel. La place se distingue par la grande fontaine murale qui occupe à elle seule tout un mur pignon de la place. Œuvre de Gabriel Davioud, elle a été inauguré en 1860. Depuis cette époque, elle a été témoin des nombreuses agitations du Boul' Mich', dont les extraordinaires travaux du Métro en 1906, qui vit se construire des caissons immenses avant fonçage dans le lit de la Seine (description[19] et images [20]), pour effectuer la traversée fluviale. Avant les travaux Haussmanniens, la rue de la Harpe débutait dès ce niveau.

Rue très ancienne de Paris, cette rue a gardé son aspect ancien et son étroitesse pour sa partie entre la rue de la Huchette et le Boulevard St Germain (voir : [21]).

  • Les thermes de Cluny se retrouvent un niveau du boulevard. Elles occupaient un espace beaucoup plus étendu qui s’étendait du boulevard Saint-Germain à la rue des Écoles et du boulevard Saint-Michel à l'actuel Musée de Cluny. Construites à la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle, elles servirent de palais de Mérovingiens et subirent de nombreux dégâts au fil des nombreuses invasions. Comme palais royal, puis comme dépendance de l'hôtel de Cluny, le gros œuvre put être préservé, noyé dans les habitations. L'ensemble fut dégagé à partir de 1810.

A partir de là, la rue se confond avec le Boulevard Saint-Michel, dont la percée a fait disparaître de nombreux éléments du Paris ancien. Le quartier latin y avait toute sa signification car de nombreux collèges y étaient présents, mais seules leurs fondations reposent aujourd'hui sous le bitume du Boulevard.

  • n°31-33 : emplacement du collège de Séez (fondée en 1404).
  • n° 32 : ancien accès au couvent des Cordeliers. Vaste ensemble où les siècles avaient accumulé les bâtiments. C'était l'une des plus anciennes implantations monastiques dans le Paris médiéval et sa chapelle était une des plus vastes de Paris. Le monastère rentre dans l'histoire quand Danton y fonda le club des Cordeliers (1790), réquisitionnant au passage les bâtiments conventuels. Ce club fut l’âme des premiers actes de la révolution, avant de se faire décapiter par le comité de Salut Public. Le club fut fermé en 1795 et l'église fut démolie dans la foulée. L’Hospice de l’École de santé s'installe dans le cloître en juin 1796. Peu pratiques et vétustes, les bâtiments seront démolis en 1832 pour faire place aux bâtiments actuels de la faculté de médecine (plan et historique détaillé : ici).
  • n° 36 : ancien collège de Justice (1354)
  • n°35 : ancien collège de Bayeux (1309
  • n°40 à 44 : Lycée Saint-Louis. Ce prestigieux lycée a pour origine le collège d'Harcourt fondé en 1280. Il ne sera pas rattaché à Louis-le-Grand en 1763. Fermés par la Convention en 1793, les bâtiments sont convertis en prison avant d'être démolis en 1795. Napoléon ordonnera sa réouverture pour l’accueil d’un lycée impérial ; ce qui ne sera effectif qu'en octobre 1820.
  • n° 53 : jardin du couvent Jacobins (voir la rue St Jacques plus haut).
Porte saint michel

Au niveau de la rue Cujas, nous atteignons l'enceinte de Philippe Auguste, fermée ici par la porte d'Enfer ou St-Michel. Plus ouvragée que sa voisine St-Jacques, cette porte fut reconstituée lors de l'expo universelle de 1900. L'historique, elle, fut abattue en 1684.

Le plan Vasselieu (1609) montre ainsi la disposition des lieux, avec de gauche à droite, l'église St Côme, les Cordeliers, la porte St-Michel, l’hôtel du Luxembourg (alors résidence datant du XVIème siècle, le palais ne sera construit qu'à partir de 1615) et le couvent des Chartreux.

La rue d'Enfer

Passé la porte, le chemin traçait dans un paysage bien plus champêtre. L'origine de ce nom reste bien mystérieux. Les auteurs classiques pensent pour une corruption de via Inferior (en opposition à la rue Saint-Jacques, qui elle, était la via Superior). D'autres étymologies ont été proposées mais une chose est sûre, il n'y a aucun rapport avec les enfers, accessibles par les catacombes. Dans sa première partie, elle a été recouverte par le Boulevard Saint-Michel.

  • Jardin du Palais du Luxembourg, établi en même temps que le palais vers 1612.
  • n° 60 : emplacement du Collège du Mans. A l'origine rue de Reims et transféré rue d'Enfer en 1682. Fermé en 1763 lors de la réforme de l'Université.
  • n° 60 : Hôtel de Vendôme. Construit à partie de 1707, il est le siège de l’École des Mines depuis 1816.
  • du n° 62 au Boulevard du Montparnasse : Jardin du couvent des Chartreux. Ce couvent fut l'un des plus vaste domaine religieux parisien (23 Ha), alors que la communauté ne dépassa jamais 32 religieux. Fermée et vendue en 1790, la Chartreuse devint une usine d'armement, puis fut démolie de 1796 à 1800. La partie sud du domaine fut lotie, la partie nord (dont une très fameuse pépinière), fut rattaché au jardin du Luxembourg.
  • n° 91 :emplacement du noviciat du couvent des Feuillants, installé depuis 1633.

le tracé s'engage dans l'actuelle rue Henri-Barbusse.

  • du 25 au 53 : emplacement du couvent des Carmélites, bâti à partir de 1603 sur l'emplacement d'un ancien lieu de pèlerinage. Fermé à la révolution, tout fut démoli dans la foulée pour faire passe la rue de Val-de-Grace. Le seul vestige étant un portail pris dans les constructions modernes du 284 rue St-Jacques (voir ICI).
  • du 125 Henri-Barbusse au 63 Avenue Denfert-Rochereau, les jardins de l'abbaye de Port-Royal, rogné en partie par l'Avenue de l'Observatoire.

Le chemin d'Enfer s'engage désormais dans ce qui est devenu, par une espèce de calembour odonymistique, le Boulevard Denfert-Rochereau. Bien sûr, la rue était bien moins large qu'aujourd'hui.

  • n° 68 au 86 : emplacement de l'institution de l'Oratoire, destiné aux novices de l’Oratoire. L’église fut construite de 1655 à 1657 et les bâtiments étaient accompagnés d’un vaste enclos bien cultivé. les bâtiments seront repris à la révolution pour les enfants-trouvés, chassés de l’île de la Cité. C'est aujourd'hui l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul.

La Barrière d'Enfer

L'actuelle Place Denfert-Rochereau est un lieu incontournable de la circulation parisienne. Elle fut ouverte à partir de 1760, mais son aspect actuel a été modelé par le mur des Fermiers Généraux, dont l'édification s'accompagna en 1787 de deux barrières qui existent encore aujourd'hui. Ces bâtiments servent à l'entrée des catacombes parisiennes, lieu de rassemblement de tous les ossements des parisiens ensevelis dans les cimetières intra-muros jusqu'aux années 1800. A noter également la fameuse réplique du Lion de Belfort et le socle vide de la statue de Raspail. Enfin, la gare RER a conservé en partie sa forme circulaire dû à l’utilisation du système Arnoux sur la ligne de Sceaux. Cette gare était placée lors de sa construction (1846) en dehors des limites de Paris (voir ICI). De son coté, l'entrée du métro (ligne 4) a conservé son édicule Guimard.

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Barrière d'Enfer au début du XIXème siècle.

Vue actuelle : [22]

L'Avenue Leclerc

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Le petit-Montrouge avant la Révolution

L'avenue Leclerc reste marqué par le souvenir de la libération de paris le 25 août 1944 et par l'entrée des libérateurs de la 2e DB par l'Avenue d'Orléans d'alors. Dès l'ancien régime, cet axe fut remarquable par sa grande largeur, signifiant bien l'importance de cet accès vers Paris. Passé la Barrière d'Enfer, nous nous retrouvions sur la commune de Montrouge et plus précisément sur le quartier du petit Montrouge. Avant la Révolution, le lieu apparaît comme faiblement urbanisé, où l'espace est partagé entre fermettes, moulins et puits d'extraction de la pierre de Paris. Au XIXéme siècle, l'urbanisme va rapidement gagner ce quartier, avant l'annexion par Paris en 1860. De ce fait, des architectures variées vont marquer les rues de ce nouveau quartier, entre immeubles Haussmanniens, immeubles des années 30 et petites maison individuelles des faubourgs. De nombreuse photos et cartes postales anciennes nous renseignent sur une avenue large, avec de nombreux marchands et restaurants, et où les tramways étaient maîtres.

  • N° 15 : l'hôpital La Rochefoucauld. Grand bâtiment néo-classique du XVIIIe siècle en U, cette « maison royale de santé » fut fondée en 1780. Elle était destinée à accueillir militaires et ecclésiastiques privés de fortune.
  • Place Basch. L'ancienne place d'Alésia, on y signale une croix des sages sur les atlas de Trudaine et d'ici partait la N306. L'Église Saint-Pierre-de-Montrouge, de style néo-roman, y a été bâtie à partir de 1863.
  • n° 70 : Le Cinéma Mistral. Un des cinémas les plus anciens de la ville, mais sa dernière séance a eu lieu en 2016. Doit être détruit prochainement.
  • n° 124 et 126 : gare de Montrouge-Ceinture de la Petite Ceinture de Paris. Cette section a été ouverte en 1867, en souterrain sous l’Avenue d'Orléans. Noyée dans les constructions modernes à la fermeture de la ligne aux voyageurs en 1934 (voir la ligne au temps de son activité). La gare est réapparue suite aux démolitions alentours récentes.
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Gare de Montrouge-Ceinture dans les années 1900.

Vue actuelle : [23]

La porte d'Orléans

Ses origines remontent à l’établissement de l’enceinte Thiers en 1841 et depuis cette époque, la Porte d'Orléans est un des points d'accès essentiels de Paris, tout comme un nœud de communication vital. Les représentations de l'époque des fortifs la montrent comme un passage large, nécessaire pour contrôler le passage des marchandises en ville, sans trop gêner la circulation. A partir de 1893, elle livrait également passage au rail de l'Arpajonnais. De nombreuses photos et carte postales nous montre l'évolution du quartier et confirme son rôle de zone d'échanges.

Avant 14-18, les compagnies CGO (lignes G et AF, vers St Augustin), RG (ligne 2, Porte de Vincennes – Porte d’Orléans, et 3 Porte d’Orléans – Porte de St Cloud) et l'Arpajonnais sont présents sur la place. La mise en place de la SRTCP verra passer : le 8 (Gare de l’Est – Porte d’Orléans, fermé le 31 août 1936), le 28 (St Augustin – Porte d’Orléans, fermé le10 octobre 1932), le 125 (Porte de Vincennes - Porte d'Orléans, par Ivry, fermé le 20 mai 1935), le 126 (Porte d'Orléans - Porte de St Cloud par Issy, fermé le 29 juin 1936), rejoint par la partie électrique de l'Arpajonnais le 1er décembre 1922 (ligne 88, Porte d'Orléans - Pont d'Antony, fermé le 25 janvier 1937), puis par les lignes de l'OP, le 14 avril 1925, avec les liaisons 80 (Porte d’Orléans – Cimetière de Bagneux, fermé le 11 janvier 1937) et 128 (Porte d’Orléans – Châtenay, fermé le 11 janvier 1937). La porte fut ainsi un des lieux où le tramway résista le plus longtemps dans Paris.

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Porte d'Orléans coté ville, courant 1900. Les guérites de l'Octroi sont visibles. A noter les immeubles très proches de la Porte, à la places des Boulevards des Maréchaux.

Vue actuelle : [24]

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Porte d'Orléans coté compagne, courant 1900. L'étroitesse de la rue militaire est bien visible, tout comme les grilles pouvant fermer l'accès à la ville.

Vue actuelle : [25]

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Autre vue de la Porte d'Orléans coté compagne, courant 1900. Le Glacis des fortifications est est bien visible.

Vue actuelle : [26]

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Porte d'Orléans coté ville, courant 1910. Les guérites de l'Octroi sont  remplacés par des vraies bureaux. les premières maisons de l'Avenue d'Orléans ont été abattues pour créer les Boulevards Brune et Jourdan.

Vue actuelle : [27]

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Porte d'Orléans coté campagne, courant 1910. Montrouge apparait au loin.

Vue actuelle : [28]

HBM

Les immeubles HBM de la porte d'Orléans (1930). L'Arpajonnais est visible à droite.

Vue actuelle : [29]

Les photos aériennes de l'IGN nous montre la Porte dans ses derniers instants.

  • A gauche (1921), l'appareillage de l'enceinte est encore bien visible et intact alors que les larges Boulevards des Maréchaux sont visibles. En revanche, passé le fossé, de nombreuses baraques se sont agglutinées autour des routes d'accès à la porte. La Zone (pour mémoire, de zone non aedificandi) allait prendre toute sa signification et rester dans l'imaginaire parisien.
  • A droite (1926), le décret de déclassement et de destruction des fortifications a été rapidement appliqué. Les immeubles HBM sortent de terres, la zone occupe tout l'espace entre la Porte et Montrouge. Les ateliers de l'Arpajonnais sont visibles à droite.

Cette zone persistera pendant plus de 20 ans. Le Square du Serment-de-Koufra, prévue dès les années 30, mettra du temps à voir le jour. Les photos post-guerre nous montrent un espace à peine dégagé des multiples constructions, et c'est seulement au cours des années 50 (voir ICI) que de vastes espaces formeront une partie de cette ceinture verte dont Paris à tant besoin. Seulement, les nécessités de circulations restant prioritaires, et c'est à cette même époque que les projets du Périphérique parisien prennent corps, tout comme l'arrivée de l'Autoroute (la future A6a) aux portes de la ville. Ces aménagements seront réalisés en 1960.

Pour aller plus loin...

  • Les anciennes églises de l’île de la Cité : [30]
  • Un site complet sur la carrière des Capucins : [31]
  • Tout ce que vous avez voulu savoir sur la guillotine : [32]
  • Une balade, place Denfert-Rochereau : [33]
  • Un site cataphile parmi d'autres, mais décalé et bien documenté : [34]
  • Le collectif Port-Mahon : [35]
  • Un historique complet de la création de la Cité Universitaire : [36]
  • Les édicules Guimard : [37]
  • La station Montrouge de la Petite-Ceinture : [38]
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